La jambe doit être considérée comme un tout, ce qui signifie que tout problème à ce niveau nécessite de vérifier la jambe dans son entier. Elle est constituée de trois niveaux articulaires principaux : la hanche, le genou et le pied.
Chaque décalage sur l’axe vertical de la jambe aura une répercussion d’un niveau à l’autre. Par exemple :
Bien entendu nous aurons auparavant corrigé le sacrum …
Avant de s’occuper de la jambe, on aura corrigé :
Puis nous vérifierons (et corrigerons si besoin est) pour chaque niveau articulaire, d’abord les compressions, puis les torsions :
Quand on se tord le pied malencontreusement dans un trou du chemin, on peut sentir une douleur momentanée dans la cheville, mais elle disparaît rapidement. Nous n’y prêtons plus attention, pensant que ce n’est rien. Pourtant, il se peut que des douleurs liées apparaissent plus tard, alors qu’on aura oublié cet incident.
En effet, le corps amortit la torsion, généralement vers l’extérieur, du pied, en la répartissant sur l’ensemble de la jambe jusqu’au bassin. De cette manière, il évitera sans doute une entorse, voire une déchirure musculaire. Couramment, la torsion sera externe sous le genou (péroné, astragale) et interne au-dessus (fémur, iliaque).
Schéma global des étapes (observation, correction, vérification) permettant de traiter une pathologie courante, la torsion d’une jambe.
On aura deux zones de diagnostic spécifiques pour la jambe, très pratiques pour corroborer les observations faites sur la zone de blocage : le talon et le tendon d’Achille.
Elles correspondent à la répercussion des déplacements le long de l’axe vertical de la jambe.
Zone de test sous le talon des déplacements latéraux de la jambe
Zone de test derrière le talon des déboîtements antéropostérieurs du genou
Comme d’habitude, nous vérifierons avant toute chose si l’articulation n’est pas en compression. Pour observer une compression de la hanche, nous poserons une main sur le côté externe de la hanche, l’autre sur le côté externe de la cuisse, de part et d’autre de la jonction de ces deux parties.
Si nous observons une compression, on la corrige en commençant par pousser la cuisse dans le sens de la compression, donc vers la hanche, puis on attend que le corps stabilise son mouvement. Quand on perçoit un relâchement, on tire alors progressivement la cuisse en sens inverse, tout en maintenant la hanche de l’autre main. Nous suivons le mouvement du corps pendant l’étirement et relâchons quand il cesse.
Pour vérifier, on placera un doigt au milieu de la fesse, au-dessus de l’ischion et un autre doigt au milieu derrière la cuisse. On vérifie la circulation entre ces deux points (trajet du méridien de vésicule biliaire) pour savoir si la manœuvre a réussie.
Le refermement de la hanche a souvent deux conséquences douloureuses et inflammatoires : le pincement du nerf sciatique au-dessus de l’ischion et la compression du bord interne du pubis.
L’ischion, c’est la pointe des fesses sur laquelle on repose quand on est assis. S’il est en torsion, il comprime le nerf sciatique qui passe au-dessus. Il se présente comme une arête osseuse transversale à la base de la fesse.
Le patient ayant relevé la jambe on observe si l’ischion est en torsion. Si oui, on étire l’ischion en impulsant un mouvement dans le sens inverse de la torsion.
Pour vérifier, on placera un doigt au milieu de la fesse, au-dessus de l’ischion et un autre doigt au milieu derrière la cuisse. On vérifie la circulation entre ces deux points (trajet du méridien de vessie) pour savoir si la manœuvre a réussie.
Le mouvement naturel de la hanche conduit la pointe de la hanche vers l’avant et vers l’extérieur pendant la phase d’extension du mouvement. Quand la hanche est en rotation interne, la fesse remonte et la pointe de la hanche ne s’ouvre pas.
Il est souvent plus facile de la vérifier en comparant l’ouverture des deux hanches : face au patient, on pose une main sur chaque hanche et on observe le mouvement dans la phase d’extension. La sensation d’une hanche qui revient vers l’intérieur indique une rotation interne de cette hanche.
Pour corriger, on va « descendre la fesse » et ouvrir la hanche.
Le patient étant allongé, on lui demande de plier la jambe. On place une main sous la fesse et l’autre contre la hanche. On tire la fesse vers le bas jusqu’à ressentir un relâchement.
Le patient rallonge sa jambe. Pendant le mouvement d’extension on ouvre la hanche vers l’extérieur et l’avant.
On vérifie le résultat soit de la même manière qu’on a observé, soit en plaçant un doigt au-dessus du pli de l’aine, un autre sur la cuisse. Si on observe une circulation entre ces deux points, la manœuvre est réussie. (trajet du méridien de l’estomac)
Ce mouvement de fermeture de la hanche s’accompagne généralement d’un décalage vertical de la symphyse pubienne vers le bas. On l’observe en posant deux doigts de part et d’autre de la symphyse pubienne. Pour corriger, on remonte la partie la plus basse.
On vérifie le résultat.
Douleur à l’aine ou des muscles internes de la cuisse sont des symptômes souvent associés à la compression du bord interne du pubis.
On peut observer cette compression, soit directement en plaçant ses doigts sur le bord de l’os pubien, soit indirectement en contrôlant la circulation des muscles internes de la cuisse.
Quand on constate une compression, on la corrige en mobilisant le bord de l’os pubien dans un mouvement spiralé.
On vérifie la circulation des tissus pour contrôler la manœuvre.
Le diagnostic de déboîtement est très rarement posé, car les symptômes sont très variables et peu typiques. On peut observer des déboîtements d’origine ancienne datant de plusieurs années, surtout dans le sens antérieur, car il est plus courant et moins douloureux. Voici quelques symptômes associés qui pourront nous mettre sur la piste d’un déboîtement :
Pour vérifier un déboîtement de hanche il faudra auparavant avoir corrigé la jambe.
Le déboîtement peut être de deux types selon la position de la cuisse par rapport à la hanche :
On vérifie la position en plaçant un doigt au milieu de chaque cuisse pour le déplacement interne/externe et un doigt sur le bord latéral externe du fémur pour le déplacement antérieur/postérieur. On compare le côté droit et gauche.
Après avoir diagnostiqué le sens du déboîtement, exercer une traction progressive et douce de la cuisse dans la direction du bas du corps, afin de permettre un relâchement du blocage généré par le déboîtement.
Si on a repéré un déboîtement antérieur, infléchir légèrement la traction vers l’arrière et écouter : si je ne me suis pas trompé dans mes observations, le corps prend le relai et m’indique par le sens de son mouvement interne le chemin à prendre pour remettre en place la tête du fémur.
Il ne me reste qu’à suivre son mouvement en ramenant la cuisse vers le bassin pour finir le travail. Le corps m’indique que la remise en place est faite par l’arrêt du mouvement.
Une rotation interne de la hanche entraîne presque toujours une vrille interne du fémur.
Pour l’observer on placera une main sur le haut et l’autre sur le bas de la cuisse pour vérifier le mouvement spiralé lié au mouvement interne. Si le mouvement ne se fait que vers l’intérieur, la cuisse est en torsion interne.
On corrige en redonnant le mouvement manquant dans le rythme du mouvement interne.
On vérifie ensuite que le mouvement spiralé est complet.
Nous parlons ici de la partie du membre inférieur situé entre le genou et le pied.
Elle est formée de deux os, le tibia qui est comme un solide poteau central et le péroné qui va permettre les mouvements de torsion du pied.
L’extrémité du tibia est la malléole interne, celle du péroné, la malléole externe.
Chacun fait partie d’une chaîne articulaire distincte :
Comme d’habitude, nous vérifierons avant toute chose si l’articulation n’est pas en compression. Pour observer une compression du genou, nous poserons une main sur la cuisse au-dessus du genou, l’autre sur la jambe sous le genou, de part et d’autre de la jonction de ces deux parties.
Si nous observons une compression, on la corrige en commençant par pousser la jambe dans le sens de la compression, donc vers le genou, puis on attend que le corps stabilise son mouvement. Quand on perçoit un relâchement, on tire alors progressivement la jambe en sens inverse, tout en maintenant la cuisse de l’autre main. Nous suivons le mouvement du corps pendant l’étirement et relâchons quand il cesse.
Pour vérifier, on reprendra la manœuvre qui nous a permis d’observer la compression.
Sa mobilité le rend sensible à toutes les torsions : torsion de la jambe, dans laquelle il équilibre la torsion interne de la hanche ; torsion de la cheville qu’il accompagne naturellement.
Il se bloque presque toujours en torsion externe. La tête du péroné remonte vers le genou en vrillant vers l’extérieur de la jambe. Dans cette position, il exerce une pression douloureuse sur le nerf sciatique.
Il arrive que la partie supérieure du péroné soit tordue en interne quand le patient a forcé sur la jambe déjà en torsion. Dans ce cas le pincement du nerf sciatique est très violent.
Pour observer une torsion externe du péroné on place une main sur le haut du péroné, sous le genou et l’autre main sur le bas du péroné au-dessus de la malléole externe. En cas de torsion la tête du péroné tourne vers l’extérieur dans le mouvement spiralé mais ne revient pas vers l’intérieur.
Pour corriger la torsion externe du péroné on place les mains comme indiqués et dans le mouvement d’extension on pousse le péroné vers le bas en imprimant doucement et simultanément une torsion interne avec la main haute et une torsion externe avec la main basse pour redonner le mouvement manquant.
On vérifie la manœuvre pour terminer.
Nous avons dit que le tibia était lié au talon : si le talon est bloqué, le tibia le sera aussi ; Si le talon est en torsion, le tibia fera de même. Conclusion : il faut corriger le talon avant de contrôler le tibia.
S’il reste alors une torsion ou un blocage sur le tibia, c’est certainement la conséquence d’un accident violent ou du fait d’avoir marché et forcé longtemps sur une jambe tordue.
Dans ce cas, on procédera comme pour le péroné, en adaptant à la situation réelle constatée : torsion du tibia dans son entier, ou seulement du plateau tibial, ou de la moitié supérieure seulement, etc …
On ne s’occupera du genou qu’en dernier lieu, après avoir soigné l’ensemble de la jambe. En effet, le genou n’est que la rencontre de la cuisse et de la jambe, ce qui fait que toute torsion de l’une ou de l’autre conduit à une torsion du genou.
Ayant éliminé les torsions en soignant la jambe, il ne restera plus qu’à vérifier qu’il n’y a pas de déplacement latéral ou de déboîtement.
Bien que certains symptômes permettent de présumer du sens des déplacements ou des déboîtements, il faudra rester attentif et observer sans présumer du résultat. On peut trouver jusqu’à 4 déplacements sur un genou (2 latéraux et 2 antéro-postérieurs) et parfois les déplacements de la jambe et de la cuisse peuvent être dans le même sens (par exemple : déplacement latéral externe de la cuisse et de la jambe).
Tester :
Tester :
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La première chose à vérifier quand on arrive au pied, c’est le mouvement d’avant en arrière de l’ensemble du pied. Pour cela, on place une main sous le talon, l’autre autour du coup de pied et on observe le mouvement entre ces deux parties. S’il y a une compression ou un blocage complet, on corrige dans la position suivante :
Une main posée au-dessus de la cheville bloque la jambe vers l’arrière.
L’autre main autour du coup de pied repousse le pied vers l’arrière. On maintient la pression en étant attentif au mouvement de glissement. Quand il cesse, on tire légèrement le pied dans l’autre sens.
On vérifie comme on a observé ou en posant un doigt sous le talon, un autre sous la plante du pied pour vérifier la circulation entre les deux.
La compression du talon est une cause courante du blocage du coup de pied. Si l’on n’observe pas de mouvement dans le talon, c’est qu’il est en compression.
Pour corriger, on étire verticalement l’arrière du talon. On maintient l’étirement jusqu’à sentir un relâchement de la tension, puis on vérifie que le mouvement est revenu.
Pour voir la torsion de l’astragale, il faut l’imaginer comme un cube aplati dont nous allons tenir les coins en plaçant deux doigts au-dessus du coup de pied et deux autres au-dessus du talon. On observe le mouvement entre deux doigts sur chaque diagonale du carré. Si le mouvement bascule vers l’arrière mais ne revient pas vers l’avant cela indique une torsion. Si c’est le cas, on corrige en remontant la partie arrière de l’astragale dans le rythme du mouvement interne. On vérifie ensuite que le mouvement s’est équilibré.
La torsion de l’astragale se transmet jusqu’au bout du pied par le biais d’une chaîne articulaire. Il faudra donc ensuite corriger le blocage du cuboïde et la torsion du quatrième métatarse.
Pour observer une torsion du talon, on place les doigts de chaque main de chaque côté du talon en enveloppant par-dessous et sur la longueur du talon. Si nous trouvons un mouvement de torsion, nous corrigeons en redonnant le mouvement manquant. Pour une torsion externe, par exemple, nous impulserons, dans le rythme du corps un mouvement de torsion interne. Nous vérifions alors le résultat de la correction.
La torsion du talon se transmet jusqu’au bout du pied par le biais d’une chaîne articulaire. Il faudra donc ensuite corriger le blocage du scaphoïde, la torsion du premier métatarse, et vérifier le gros orteil.
Le pied, comme la main, est une partie du corps complexe, à la mesure des capacités qu’il nous offre. Il est composé de vingt-six os et seize articulations. Et chacun peut être bloqué, tordu ou déplacé ! Heureusement, son organisation va nous permettre de corriger plusieurs problèmes d’un coup. En effet, nous trouvons dans le pied trois lignes articulaires comme illustré dans l’image ci-dessous.
C’est sur ces lignes que le pied peut glisser, soit latéralement, soit vers le haut ou le bas :
Pour repérer les déplacements articulaires, il est très pratique de vérifier la circulation dans les tissus de la zone entourant l'articulation.
Si nous ne percevons aucun mouvement (malgré le travail de décompression qui a été fait auparavant) ce repérage pourra être complété par un test en compression en ramènant les deux parties de l'articulation l'une vers l'autre.
Voici quelques exemples de situations courantes au niveau du coup de pied :
Pour pouvoir observer un déplacement latéral interne ou externe du pied par rapport au coup de pied :
Remarque : le glissement latéral du coup de pied entraîne une torsion des métatarses qu’il faudra donc corriger.
Si on observe un glissement antérieur ou postérieur (cf test de circulation), on corrige en bloquant le coup de pied avant la ligne du côté opposé au déplacement et en poussant simultanément après la ligne dans le sens inverse. On relâche quand on sent la détente du corps. Et on n’oublie pas de vérifier avec les tests de circulation.
Pour repérer les glissements sur la ligne articulaire située entre les métatarses et les orteils, on procédera comme pour la ligne du coup de pied.
Remarque : le glissement latéral à la base des orteils entraîne une torsion des phalanges proximales qu’il faudra donc corriger.
On peut trouver parfois un glissement entre les phalanges proximales et les phalanges intermédiaires.
Nous n’aurons pas toujours un glissement global qui nous permette de corriger plusieurs déplacements à la fois. Très souvent, nous devrons corriger la position ou redonner un mouvement à un os particulier. Nous pouvons alors distinguer deux types d’os : les os courts du coup de pied (cuboïde, scaphoïde et cunéiformes) et les os longs que sont les métatarses et les phalanges.
Pour observer un os du coup de pied, on place un doigt de part et d’autre de l’os à corriger, c’est-à-dire au-dessus et au-dessous du pied. On recherche la sensation de connexion entre les deux doigts pour être sûr de la position.
On doit trouver un mouvement spiralé sur l’axe vertical de l’os et un mouvement d’avant en arrière dans l’axe longitudinal du pied
On corrige en redonnant le mouvement manquant puis on vérifie le résultat.
On pose un doigt sur chaque extrémité de l’os pour observer son mouvement spiralé.
S’il manque un des deux mouvements, on corrige en impulsant le mouvement manquant au rythme du mouvement interne.
On vérifie ensuite que le mouvement spiralé a bien été retrouvé.